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Le travail acharné des Fourth Liners de Moscou porte fruit

Montréal, 25 avril 2017 – Après cinq saisons dans la LNH, la dernière équipe d’expansion de la Ligue surprend à l’issue de la première ronde des séries éliminatoires.  Contre toute attente, les Fourth Liners de Moscou (7^ème dans la conférence de l’Est) ont surpris Boston (2^ème)  à la suite d’un but en deuxième période de prolongation de Derek Stepan pour éliminer les Bruins en cinq parties.

Beaucoup de chemin parcouru pour la première équipe d’expansion depuis le lockout de 2012. L’équipe que le DG Boris Patof a construit de toutes pièces en l’espace de quelques semaines sous des circonstances tragiques aspire maintenant aux grands honneurs.  On se rappelle que le 10 avril 2012, à l’issue du tout dernier match de la saison 2011-2012, l’avion nolisé des Sabres de Buffalo s’est écrasé peu après le décollage, décimant d’un seul coup l’équipe complète ainsi que le personnel d’entraîneurs et la haute direction. À la surprise générale, le commissaire Gary Bettman avait accordé la 30^ème équipe au richissime propriétaire du Dynamo de Moscou dans la KHL, Igor Ivanev, sans aucune considération aux partisans des Sabres et à ses 45 années d'histoire. Certains diront que cette attitude cavalière est à l’image du commissaire dont l’arrogance avait coûté la moitié du calendrier 2012-2013 avec une saison de 42 matches.

On ne donnait pas cher de la peau des Fourth Liners, située à 12 heures de vol de Montréal et à près de 24 de Los Angeles!  Ironiquement, les dirigeants de la Ligue ont décidé que la nouvelle équipe d’expansion disputerait la moitié de la saison régulière à Moscou et l’autre moitié en sol américain afin de réduire les vols… en avion.

Une longue et pénible reconstruction

Une misérable première saison de 25 victoires a procuré à son dépisteur en chef, Doug Sudbury, un premier choix au repêchage de 2014 avec la sélection du gardien tchèque Dominick Hock qu’on a longtemps comparé avec son idole de jeunesse Dominik Hasek. Hock a répondu aux attentes avec une saison gagnante dès la première année.  Ses réflexes ultra rapides combinés  à un style peu orthodoxe ont fait en sorte que Hock est devenu la coqueluche de la jeune équipe, comme en font foi les 22 blanchissages à ces trois dernières saisons et un incroyable taux d’arrêt de .932.  Est-ce que le nouveau gardien de but vedette de la LNH ressent la pression? « J’essaie de ne pas y penser » répond Hock.

Parmi les autres bons coups de Sudbury, soulignons la sélection du moscovite Alexander  Barkov qui est rapidement devenu un des favoris de la foule avec une saison-recrue de 45 points dont 19 buts.  Le centre Bryan Maroon, choix de première ronde au dernier repêchage et le défenseur Dwayne Schistel poursuivent leur développement à Rochester dans la ligue Américaine, qui est demeurée au même endroit afin de faciliter les déplacements et la progression des joueurs. Les défenseurs Adam Gwynner et Mark Pysik, issus des repêchages de l’organisation des Sabres, s’approchent d’une place dans le grand club la saison prochaine. Le gardien Eric Leuven démontre de bonnes aptitudes sauf qu’il est dans l’ombre de Hock.

Un vent de renouveau à Moscou

Le directeur-gérant, Boris Patof, a entrepris une longue et pénible reconstruction avec la signature en catastrophe d’agents libres qui n’avaient pas été retenus par les 29 autres équipes sous la nouvelle convention collective d’après-lockout.   Des choix difficiles et parfois discutables de Patof lui donnent toutefois raison aujourd’hui tel que l’échange qui a amené Derek Stepan des Rangers à Moscou en retour de Luke Adam et Marcus Foligno, deux joueurs avec un avenir prometteur qui n’ont jamais explosé à New York.  C’est toutefois au niveau du marché des joueurs autonomes que Patof a le plus brillé, en signant les attaquants Patrick Kane et Martin Havlat, les défenseurs Codi Franson, Brooks Orpik, Rob Scuderi et Niklas Hjallamarsson.  « Ça n’a pas été facile au début » réplique le DG des Fourth Liners, mentionnant la morosité de l’équipe, le changement de continent et l’appel au boycott lancé par les partisans de Buffalo mais aussi de Québec, Seattle et Markham à la suite de l’obtention de la franchise.  « Nous avions la confiance totale de M. Ivanev sauf que personne ne voulait jouer pour nous au départ ».  L’organisation a du faire ses preuves et surtout, délier les cordons de la bourse afin d’obtenir une équipe compétitive.  Les résultats se sont fait progressivement, avec une récolte de 36 victoires lors de la deuxième saison et d’une récolte record de 103 points la saison dernière, bon pour le premier rang de la division nord-est. Une élimination rapide en première ronde face aux Penguins de Pittsburgh combinés aux retraites simultanées des vétérans Pavel Datsyuk, Jarome Iginla, Mike Ribeiro, Michael Ryder et du défenseur Roman Hamrlik ont fait craindre le pire pour les Fourth Liners.  « Nous avons gardé notre plan de match initial, soit de faire confiance à notre équipe de dépisteurs et de bien encadrer nos jeunes ».  L’organisation n’était pas surprise des retraites de ces joueurs vedettes qui ont propulsé l’équipe vers de nouveaux sommets. « Les gars en parlaient ouvertement dans le vestiaire » tonne Patrick Kane entre deux questions de journalistes russes lors de l’entrainement matinal de l’équipe hier. « L’équipe a perdu en une journée cinq leaders de grand talent sauf qu’elle a ouvert la porte aux jeunes qui étaient derrière et qui attendaient leur place au soleil ».  Les résultats ont été assez convaincants pour que Moscou se fraie une place en séries cette saison,  en terminant au septième rang et en sortant les Bruins en cinq parties. La graduation d’Alexander Barkov et les signatures des durs-à-cuire Bryan Boyle, Jared Boll et Daniel Carcillo ont apporté la robustesse et le poids nécessaire pour stopper les gros attaquants bostonnais. « J’ai même marqué un but vainqueur lors du premier match » blague Boyle.

Les succès récents de l’équipe n’ont pas enlevé dans le dossier de Patof ses moins bons coups. La signature d’Angela Ruggeiro, première défenseure féminine à jouer dans la LNH n’a pas apporté les résultats escomptés.  Ruggeiro n’a pas disputé plus de 50 matches par saison en raison de blessures et son lourd contrat de 5 ans intéresse peu d’équipes. De plus, la perte du gardien Pascal Leclaire au ballotage, dernier joueur de la saison un des Fourth Liners a laissé des traces. « Ce fût une mauvaise décision » avoue candidement Patof lorsqu’on lui parle de Leclaire.  On se rappelle qu’en raison d’une blessure de Dominick Hock, le DG avait transigé afin d'obtenir le gardien vieillissant Nicklas Backstrom du Wild et avait dû par la suite envoyer Leclaire au ballotage en raison d’une formation qui dépassait la limite permise de 23 joueurs. Ce dernier a été justement réclamé par le Wild qui a donc tout gagné dans l'échange initial.  Patof a joué de chance en réclamant un mois plus tard le gardien Curtis Gibson des Kings, aussi via le ballotage.

La suite

Est-ce que le printemps de rêve des Fourth Liners se poursuivra en deuxième ronde face aux Devils, premiers dans la ligue cette saison avec  113 points? « Tout est possible maintenant » selon Dominick Hock, lui qui a poursuivi son brio en série avec deux victoires par blanchissage face aux Bruins et deux autres en prolongation.

Rencontré avant le premier match de ce soir face aux Devils, le DG Boris Patof déborde d’optimisme.  « Nos choix au repêchage progressent bien, nos nouveaux joueurs se sont parfaitement intégrés avec l’équipe et la ville de Moscou pour la première partie du calendrier régulier ».  Avec un solide noyau à l’attaque composé de Loui Eriksson, Patrick Kane, Dustin Brown, Alexander Barkov et Derek Stepan, l’avenir des Fourth Liners semble assuré à moyen terme. La défensive est jeune avec les Hjallmarsson, Franson, Gwynner sauf que l’addition des vétérans Rob Scuderi et Rafael Diaz a donné de l’assurance aux jeunes.  Devant les buts, Dominick Hock est sous contrat pour six autres saisons. Les jeunes espoirs Eric Leuven et Curtis Gibson cognent à la porte comme deuxièmes gardiens  afin de remplacer Nicklas Backstrom qui est en fin de carrière.  L'équipe joue à guichets fermés depuis deux saisons au tout nouveau Gazprom Centre et les joueurs des équipes adverses découvrent les charmes de la capitale Russe lors de leur visite annuelle.  Des moyens colossaux ont été déployés pour assurer un sommeil et un niveau de forme optimaux des joueurs en raison des longs voyages intercontinentaux, spécialement en séries. De plus, une équipe spéciale veille au bon fonctionnement des deux avions privés de l’équipe.

C’est la moindre des choses.